Encore un excellent BG !
J'aime beaucoup ton style et le fait que tu ailles puiser des éléments très spécifiques dans le BG officiel et le BG étendue de ME:NÈ.

Il m'est venu l'envie de développer un personnage galarien (j'adore ces grands échalas volubiles!) – j'attends d'ailleurs avec impatience le Guide du joueur pour plus d'infos sur le devenir de cette espèce dans ME:NÈ. Mais il est justement vite apparu difficile de créer la bio complète et détaillée d'un tel personnage en l'absence d'un cadre canonique pour cette espèce, du fait de son mode de reproduction compliqué (ovipare haplodiploïde!) et du modèle familial très exotique qui en découle, ainsi que de son cycle de vie extrêmement bref et intense qui oblige à imaginer à quelle équivalence en âge galarien pourrait se situer tel stade de la vie dans l'existence d'un Humain. J'ai pourtant souhaité rehausser encore la difficulté, en voulant ce personnage aussi éloigné que possible de l'Ingénieur classique que l'on imaginerait immédiatement lorsqu'on songe à un Galarien.

Bref, le besoin d'expliciter ces éléments pour une espèce réellement alienne mène à un background nettement plus long que d'ordinaire. J'espère qu'il ne présente pas trop de failles; si tel est le cas, je pourrai toujours remanier le profil après la parution du Guide du joueur galarien.

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Je vous présente donc le docteur Sandor Emmoyleen, ex-agent du GSI (19 ans, 1m83, 65kgs); un Galarien à la fois excentrique voire loufoque, et intimement torturé à l'image de son illustre modèle Mordin Solus. En dépit de sa spécialisation Furie, il reste préférable d'engager ce personnage dans une campagne plus dédiée à l'investigation qu'au combat tous azimuts.

Nombre de petites frappes ravalent leur sourire, lorsque le Galarien désarmé qui leur fait face change soudain son corps malingre et cartilagineux en une redoutable arme vivante. Toutefois, la plupart des criminels de haut vol connaissent au moins de réputation l'efficacité de l'entraînement martial dont bénéficient les agents du Groupement Spécial d'Intervention de l'Union Galarienne, et les Spectres issus de leurs rangs. Mais personne, jamais, ne s'attend à voir un intellectuel galarien émotif, ou bien un bureaucrate placide, ou encore un commercial empoté, irradier brusquement de violentes décharges d'énergie noire, et terrasser des adversaires armés sans même les toucher. C'est cet atout caché, cette carte secrète qu'il ne joue qu'au tout dernier moment, qui a déjà sauvé plus d'une fois la mise au docteur Sandor Emmoyleen, agent d'élite du GSI spécialisé dans les missions d'infiltration sous couverture.

De son nom complet Erinle Pheliadar Van Argenzern Pleskis Zu Sandor Emmoyleen, ce biotique galarien peut comme tout membre de son espèce être désigné indifféremment par le matronyme de son clan familial Sandor, ou par son nom personnel Emmoyleen. Sa lignée matrilinéaire, liée de longue date au monde-éden d'Erinle, n'a aucun lustre particulier: le principal orgueil généalogique de sa mère, Sandor Heera, était un cousinage au 8e degré avec la Dalatrace Linron, dirigeante de l'Union Galarienne jusqu'à son décès en 2188.

Sandor Emmoyleen est né en 2186, en pleine Guerre du Dernier Cycle, dans des circonstances que l'on peut dès lors imaginer assez dramatiques. Face à la menace grandissante des Moissonneurs sur les systèmes galariens, plusieurs familles du clan Sandor avaient fui Erinle pour aller trouver refuge au Sanctuaire ouvert sur la planète Horizon, dans la Mer des Ombres. Dans le chaos qui gagnait la galaxie, cet exode tourna vite à l'errance: le transport initialement prévu débarqua les Galariens avant le terme de leur voyage, et les rafiots de second choix ensuite trouvés sur place durent souvent changer de destination ou déposer en urgence leurs passagers, suite à des défaillances techniques ou en fonction de l'évolution des événements. Rétrospectivement, ces tribulations ont en fait sauvé les réfugiés, en les empêchant de jamais parvenir au Sanctuaire, l'usine de mort dirigée par Cerberus.

Lors de ce périple, Sandor Heera dut prématurément effectuer sur l'un des transports la ponte de sa couvée, dont il avait été prévu qu'elle aît lieu au Sanctuaire. Emmoyleen et ses onze frères et deux sœurs éclorent quelque temps plus tard, sur un autre bâtiment – en l'absence de la dalatrace du clan Sandor, à l'encontre de tous les codes galariens; leur mère dut en tenir lieu. On n'explique toujours pas pourquoi le jeune amphibien est né avec un potentiel biotique. Lors de plusieurs changements de vaisseau, les réfugiés galariens avaient dû s'entasser dans des cabines d'entrepont ou des cales réaménagées, mal isolées, où ils ont pu être exposés aux résidus d'ézo émanant de conduites et réservoirs voisins. Ce n'est là qu'une possibilité. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'à l'exception notable d'Emmoyleen, aucun autre membre de sa couvée n'a dépassé l'âge de 2 ans!

La tragédie qui a anéanti la fratrie de Sandor Emmoyleen, a fait de lui de facto un cas de fils unique très rare chez les Galariens. Unique, et aussi dramatiquement esseulé. Tout au long de sa vie, sa propre mère lui a reproché d'avoir survécu, lui un mâle, là où sont mortes ses deux sœurs de couvée, dont la fécondation était le fruit d'une alliance matrimoniale extrêmement valorisante. Ce même reproche lui étant aussi implicitement adressé par les dalatraces du clan Sandor, les frères et sœurs nés des autres couvées de Heera, ainsi que les divers membres de sa famille, ont également pris leurs distances avec lui. Même après le décès de sa mère en 2201, Emmoyleen semble toujours endurer le syndrome du survivant.

Mais cette hécatombe, et surtout le fait qu'un unique enfant y ait survécu, attira aussi l'attention du GSI, qui garda sur lui un œil attentif. Il se confirma vers l'âge de 6 ans que le jeune rescapé était bien le porteur viable d'une mutation biotique, un don extrêmement rare et précieux chez les Galariens. Un jour de 2193, alors qu'à l'âge de 7 ans Emmoyleen allait entamer sa scolarité secondaire sur son monde d'Erinle, la dalatrace du clan Sandor lui intima l'ordre de l'accompagner, et l'emmena sans un mot de plus jusqu'à une discrète antenne locale du GSI. Là, il passa quelques tests et évaluations, et c'est seulement à l'issue de ceux-ci qu'il apprit tout à la fois l'existence de sa mutation, l'explication de la mort des siens, et aussi qu'une place lui était d'ores et déjà réservée au sein des illustres services secrets de l'Union Galarienne, qu'il pourrait intégrer vers l'âge de 12 à 14 ans. Seules les dalatraces du clan devaient être informées de cet immense honneur; sa mère elle-même devrait l'ignorer. Le jeune adolescent, bien sûr, était ravi et fier comme jamais. Il put même, en visioconférence avec Sur'Kesh, passer un ultime entretien avec l'un des plus grands héros galariens, le commandant du GSI en personne, le vénérable général Kirrahe – qui décéda d'ailleurs l'année suivante.

Dès les premiers stades de sa scolarité, Sandor Emmoyleen s'était découvert peu porté sur les sciences exactes et la technologie, et bien plus intéressé par les xéno-sciences économiques, politiques ou sociales. Il était spécialement fasciné par l'illogisme des contradictions inhérentes à la jeune espèce humaine: ses déclarations et revendications morales au regard de ses actes effectifs, son immense potentiel en dépit de ses défauts patents... En 2196, il reçut son ampli biotique, modèle haut de gamme du GSI, virtuellement indétectable; et c'est la même année que grâce à une bourse discrètement allouée sur les fonds spéciaux des services galariens, il entama des études de sociologie à la prestigieuse Université en Xéno-Sciences Mordin Solus de Sur'Kesh. Comme prévu par le GSI, il commença à y établir de nombreux contacts, ignorants de son don biotique et de son allégeance secrète, mais qui lui seraient utiles dans les années suivantes. Quatre ans plus tard, il soutint sa thèse intitulée: "John Shepard et le culte du Surhomme: Etude comparée des mythes humains antérieurs au Premier Contact", décrochant une mention Très Bien et les félicitations du jury. A noter qu'au cours de l'année 2200, pour la préparation de cette thèse, il avait pu consacrer un mois à écumer les médiathèques et musées épargnés par l'Invasion, sur la planète Terre encore peu habituée à voir passer des visiteurs galariens, et qu'en tirant les bonnes sonnettes, il avait même réussi à obtenir une entrevue exceptionnelle avec le Sur-Amiral Shepard!

Hyper-actif comme tout bon Galarien, Sandor Emmoyleen fit partie durant ses années d'études de diverses ligues universitaires, surtout orientées vers l'escrime et autres sports d'affrontement, ainsi que de plusieurs troupes de théâtre amateur, le violon d'Ingres bien connu de l'illustre Professeur Mordin Solus. Il cultiva là un talent réel pour l'improvisation, le mimétisme, et l'identification à un rôle. Il devint en particulier l'un des piliers d'une troupe inter-espèce, concept mis à la mode à la fin des années 2170, rassemblant étudiants galariens et étrangers de l'Université en Xéno-Sciences de Sur'Kesh. Il y eut même son fan-club asari, après une interprétation d'une incroyable puissance évocatrice de la Déesse Athamé! Ces activités périphériques furent d'autant plus difficiles à mener de front avec ses brillantes études que durant ces mêmes années, entre 10 et 14 ans, Emmoyleen s'absenta discrètement à plusieurs reprises afin de prendre part à des stages intermittents, mais de plus en plus longs, au centre de formation du GSI de Sur'Kesh: entraînement de base, familiarisation avec les procédures, et dans son cas, maîtrise et mise en pratique des capacités biotiques. L'étudiant poursuivait ces exercices seul à son domicile: une bonne partie de son mobilier universitaire en fit les frais!

Après sa thèse, le jeune docteur Sandor Emmoyleen intégra à plein temps le centre de formation du GSI. Il lui fallut assez vite choisir une spécialisation. Les biotiques galariens sont rarement très puissants, et il ne faisait pas exception à la règle: ses talents ne seraient donc guère plus qu'un appoint significatif, quel que soit son travail. Presque tous les agents du GSI porteurs de dons biotiques s'orientent vers des spécialisations technologiques: la plupart deviennent Sentinelles, les boucliers de leur escouade. Piètre technicien, mais en revanche brillant économiste et sociologue, et en outre bon combattant au contact et excellent acteur, Emmoyleen découvrit sa voie lors du cours sur les missions d'infiltration sous couverture, présenté par deux agents vétérans. Il postula aussitôt pour cette branche, avant même la fin de sa formation.

En 2201, il entama pourtant sa carrière active au GSI sous l'uniforme du 3e Régiment d'Infiltration, l'ancienne unité du général Kirrahe, dont la fière devise depuis l'intervention cruciale sur Virmire en 2183 était restée: "Aegohr – Mannovai – Jaëto". Il y mena quelques opérations militaires, en tant que soutien biotique en combat rapproché et "nettoyeur" de points d'appui adverses. En une occasion, sa vivacité sauva plusieurs membres de son groupe, surpris au contact par des mercenaires vortchas. Mais très vite, sa demande ayant finalement abouti, il fut mis à la disposition directe du commandement des Opérations du GSI. Il dut d'abord passer plusieurs mois sous le contrôle d'un superviseur, en tant qu'équipier en support d'agents sous couverture. Après avoir pris part à quelques opérations de sauvetage et exfiltrations musclées, il fut déclaré apte à être déployé en solo.

Sa première mission d'infiltration, le docteur Sandor Emmoyleen l'accomplit dès 2202 sous sa véritable identité, en tant que maître de conférences de retour à l'Université en Xéno-Sciences de Sur'Kesh – le GSI se chargeant de remplir les blancs dans son CV. Son objectif: identifier un recruteur agissant au sein de l'Université au service d'un obscur groupuscule extrémiste anti-humain. Emmoyleen put démasquer le recruteur, un "étudiant" butarien; il dut le liquider, mais non sans avoir recueilli assez d'informations pour que le GSI puisse démanteler le réseau. Il put aussi maintenir le secret sur son identité d'agent. Nombre d'autres missions de renseignement suivirent, toutes sous une fausse identité forgée de toutes pièces par le GSI, pour une durée allant de quelques jours pour la pose de dispositifs espions ou la prise de contacts, à jusqu'à deux mois pour la mise en place d'un réseau d'informateurs fiables. Sandor Emmoyleen endossa ainsi entre autres les rôles de: novice illuminé dans une secte millénariste, épave pathétique dans les bas-fonds d'Oméga, bookmaker clandestin à la Nouvelle Armax Arena de la Citadelle, joueur semi-professionnel de Kepesh-Yakshi lors d'un tournoi sur Illium, courtier pointilleux pour le compte du Conseil de Serrice, psychologue intrusif chez ExoGeni, fixer maussade sous contrat ponctuel avec Eclipse, intermédiaire impitoyable dans le trafic de sable rouge sur les Systèmes Terminus... et même Spectre pince-sans-rire en mission sur Novéria!

Son bagout et son aplomb lui permettent généralement de dissimuler quelque temps ses lacunes sur tel ou tel point de savoirs professionnels; et chaque mission lui offre d'ailleurs l'opportunité d'étoffer son bagage de compétences. Emmoyleen est ainsi parvenu à remplir l'immense majorité de ses objectifs sans avoir été démasqué. Mais quand parfois le recours à la force s'avère inéluctable, il sait user de son entraînement et de ses talents biotiques soudain révélés pour envoyer ses opposants au sol, s'emparer prestement d'une arme, et... faire le ménage. En bon agent du GSI, il ne compte jamais le nombre de corps qu'il doit laisser derrière lui lorsqu'il s'agit de mener à bien son exfiltration et la livraison de ses précieux renseignements – tout en couvrant à tout prix son appartenance aux services de l'Union Galarienne.

En 2205, le docteur Sandor Emmoyleen vient d'atteindre 19 ans, presque la moitié de son espérance de vie, une existence déjà bien remplie. Il vient d'apprendre que le MDC suit depuis quelque temps avec intérêt ceux de ses états de service que le GSI veut bien laisser filtrer. Ceux-ci ne tarissent pas d'éloges sur ses capacités et ses résultats; et en vérité, la recommandation la plus inattendue en sa faveur est venue du Spectre galarien dont il avait usurpé l'identité sur Novéria, apparemment flatté par son interprétation! Les GEIST rassemblent déjà un panel impressionnant de négociateurs et de pacificateurs, d'ombres et d'ingénieurs de pointe, et le MDC pense qu'y adjoindre un polymorphe aux mille personnalités pourrait représenter un atout à plus d'un égard.

Note: Au sein de leurs services comme sur leurs rapports d'opérations, les agents d'élite du GSI n'ont habituellement pas d'autre identité qu'un nom de code imagé. Notre héros se vit dans un premier temps attribuer, par un superviseur qui ne le portait pas dans son cœur, un nom de fort mauvais goût lorsqu'on le rapportait à l'holocauste de sa couvée: "Génophage"! Par la suite, une fois devenu agent solo, l'habitude d'Emmoyleen de ne dévoiler ses talents biotiques qu'au moment d'en exploiter l'effet de surprise, lui valut pour nouveau nom de code un terme galarien assez poétique qu'on pourrait traduire par: "Éclair dans un ciel sans nuages". Quant au pseudo par lequel les services secrets de l'Alliance désignent cet insaisissable rival, il est tiré d'un blockbuster sorti sur Terre quelques années plus tôt: "Fantomas 2200"!

Note pour un joueur doué en impro: Dans ses rapports avec ses compagnons d'aventures, le docteur Sandor Emmoyleen devrait être joué comme une sorte d'ancien universitaire britannique d'Eton (de ceux qui vous donnent du "Old boy" d'un ton très légèrement condescendant), aimant parler sans fin sur un débit torrentiel typiquement galarien, essentiellement au sujet de lui-même, ayant toujours une anecdote saugrenue à placer... Parfois un peu à côté de la plaque, souvent agaçant, généralement désarmant. Bref, à interpréter comme un improbable John Hannah galarien! Quant à savoir maintenant si les anecdotes sont authentiques et s'il s'agit de la véritable personnalité de ce caméléon amphibien...

** 2 points d'Attributs (Mentaux) ont été convertis en 4 points de Talents.
** 2 points de Compétences (Mentales) ont été convertis en 1 point d'Attributs (Biotiques), en Altération.
Note sur les deux points précédents: Emmoyleen a dû sacrifier une partie de ses études et de son développement intellectuel, et consacrer une grande partie de ses ressources en volonté et concentration à l'entraînement laborieux de ses faibles dons biotiques. C'est ainsi par exemple qu'il n'a jamais eu l'occasion d'étudier sérieusement une langue alienne.
** 1 point de Compétences (Sociales) a été converti en 2 points d'Avantages.
** 1 point de Compétences (Sociales) a été converti en 4 points de Xéno.
Pour rappel: Le joueur souhaitant créer un personnage galarien de niveau Elite dispose de plusieurs bonus d'espèce, déjà reportés sur la fiche de personnage éditable, à ne surtout pas décocher (correspondant à 17 points d'Avantages gratuits, page 47 du Livre de Règles). En dehors de cela, il répartit librement 13/10/10 points sur ses Attributs Mentaux/Physiques/Sociaux, 17/11/7 points sur ses Compétences en choisissant librement lesquelles seront primaires/secondaires/tertiaires, 12 points de Talents et 8 points d'Avantages à son libre choix, en sus des bonus d'espèce, ainsi que 4 points de Xéno et 8 points d'Omnitech. Les taux de conversion des points sont donnés page 51 du Livre de Règles.

Dans la rubrique Armes, Emmoyleen porte sur l'unique emplacement d'arme longue de son armure légère son arme de mélée préférée depuis sa période militaire: un Sabre mono-moléculaire. Sur la première ligne, les caractéristiques ont été remplies, mais les noms des armes blanches ne sont pas disponibles dans le menu déroulant du PDF éditable. Bien sûr, toutes les armes, protections, et modules Omnitech dont il est pourvu en tenue de combat standard peuvent être sujets à un allègement drastique s'il est employé dans son rôle de prédilection: le "cheval de Troie", infiltré sous couverture pour préparer le terrain à l'équipe.

Au tour des Quariens à présent, avec Tsalah'Reegar, vas London ou vas Nedas selon les points de vue (32 ans, 1m75, 63kgs), la fille d'un personnage présent dans ME2. Une Technologue énergique spécialisée dans l'incinération, et une badass masquée que seule une bonne grippe peut faire trembler. Keelah Se'Lai!

Née en 2173, Tsalah'Reegar nar Menae est la seconde fille de Kal'Reegar et de Nomi'Kopesh, qui servaient alors tous deux en tant que marines sur le Menae, un croiseur turien déclassé ayant conservé sa vocation militaire. Kal en particulier descendait d'une longue et honorable lignée de défenseurs du peuple quarien. Tsalah a une sœur de deux ans plus âgée, Jeelam. En bonnes Quariennes, toutes deux apprirent très jeunes à se rendre utiles, et à tirer par elles-mêmes toutes les leçons de vie que pouvait leur enseigner l'environnement entièrement artificiel et mécanisé dont dépendait leur existence. En 2185, le lieutenant Kal'Reegar tomba en héros lors d'une mission sur Haestrom, en protégeant la future Amirale Tali'Zorah. La disparition du père qu'elle idolâtrait fut un traumatisme pour Tsalah.

Pour les Quariens, l'année 2186 fut surtout celle de l'assaut décisif pour tenter de reprendre leur planète d'origine aux Geth. Le croiseur où vivait la famille de Tsalah fut durement ébranlé lors de la bataille pour Rannoch. Des compartiments entiers furent dépressurisés, et ailleurs, les blessés et mutilés ne se comptaient plus. Leurs chances de survie étaient infimes. Tsalah avait 13 ans, et elle venait de voir de près à quoi la guerre ressemblait. Alors que sa grande sœur se démenait pour secourir les blessés et colmater les brèches, elle-même demeura prostrée, en état de choc durant plusieurs jours. Lourdement endommagé devant Rannoch, le Menae ne prit aucune part à la bataille décisive livrée dans le système Hélios – au grand soulagement de Tsalah, qui avait déjà subi trop d'épreuves successives.

Après la Guerre, les Quariens qui n'avaient pu réintégrer Rannoch restée aux mains des Geth poursuivirent leur errance. Tsalah et Jeelam continuèrent à se former pour assumer leur vie d'adulte à venir. Contrairemement à sa grande sœur, Tsalah n'avait aucune intention de reprendre la carrière militaire de leurs parents, et envisageait plutôt de se spécialiser dans le pilotage d'engins légers. En 2194, elle vit son ainée quitter le Menae pour aller effectuer son pélerinage. Lorsqu'à son tour elle fut en âge de partir, deux années plus tard, elle avait déjà choisi de postuler pour revenir servir sur le London, un vaisseau militaire tout comme l'était le Menae (1). Après accord du capitaine du London, elle fit ses adieux à sa mère et à ses amies d'enfance, puis quitta la Flotte aux commandes de la navette qui lui avait été confiée.

Elle mit d'abord le cap sur Bekenstein, dans la Nébuleuse du Serpent: la reconstruction y était toujours en œuvre, et des Quariens de bonne volonté y trouveraient certainement leur place. Mais Tsalah dut vite déchanter. Les principales corporations avaient déjà en main tous les contrats de reconstruction, et pour les syndicats locaux, les nomades quariens n'étaient pas les bienvenus. Rien n'avait changé après les Moissonneurs: pour la plupart des espèces conciliennes, les Quariens sans planète restaient toujours des vagabonds sans dignité. La jeune pèlerine était bien consciente que ses congénères, trop centrés sur leurs propres buts, avaient causé plus de mal que de bien face au péril qui menaçait la galaxie toute entière, là où les autres espèces s'étaient unies et battues contre tout espoir au prix de pertes terrifiantes. Une promesse d'embauche intéressante amena Tsalah à rejoindre la Citadelle, dans le système voisin. Mais une fois arrivée sur place, l'opportunité s'était déjà s'envolée. Les lumières du Présidium ne brilleraient pas pour elle...

Sur la Citadelle, son désœuvrement guida ses pas vers l'avenue Stellargent, et vers la Nouvelle Armax Arena reconstruite après les dégâts de 2186. Elle y observait distraitement quelques combats virtuels, quand un groupe d'athlètes amateurs l'aborda. Un des leurs s'était désisté, il leur manquait un Ingénieur pour le prochain affrontement, et il leur semblait qu'une Quarienne serait un atout pour attirer l'attention des parieurs. Tsalah avait bien investi dans quelques modules offensifs pour Omnitech, en vue d'opérations de maintenance en milieu extérieur dangereux; mais jamais encore elle ne s'était battue. Pourtant, à son propre étonnement, elle accepta. Au final, elle aida grandement son équipe, qui n'échoua que d'un cheveu face aux vagues de Geth virtuels qui leur étaient opposées. Ce jour-là, elle alla au tapis; et ce fut la seule fois de sa carrière dans l'Arène. Car cette expérience lui avait plu, davantage qu'elle ne voulait l'admettre; et elle concourut de nouveau, dans la même équipe d'abord, puis en en changeant régulièrement par la suite.

Les Quariens étant pour ainsi dire inexistants parmi les combattants de l'Arène, sauf en tant que sujets de plaisanteries, Tsalah dut s'attaquer à des défis toujours plus exigeants pour se tailler une réputation. Le surnom de "Jambes de chien" dont l'avaient affublé les parieurs humains, au départ en signe de dérision, perdura bientôt en tant que marque d'affection. Sa part sur les prix des victoires d'équipe lui offrit une vie moins précaire, mais elle en consacrait la plus grande part à améliorer son matériel. L'Arène était devenue pour elle comme une drogue. Les fans remarquèrent rapidement qu'elle était l'élément décisif de toute équipe victorieuse indifféremment où elle combattait; et assez vite, ce fut elle qui sélectionnait ses équipiers et les dirigeait sur le terrain. Chez chaque combattant, chez chaque espèce, elle savait intuitivement discerner les points forts qui répondraient à ses défis, et les points faibles qu'il faudrait couvrir. Et une fois sur le terrain, elle faisait preuve d'un sens tactique hors du commun, et d'une anticipation diabolique des manœuvres de ses ennemis virtuels... Geth, mécas, Rachni, Krogans, tout éclatait par grappes devant les mouvements tournants qu'elle menait, et dans les embuscades qu'elle tendait.

De petits sponsors d'abord, puis de plus gros, soutinrent par des fonds, armements, et équipements dernier cri sa suite ininterrompue de succès aux scores toujours croissants. C'est d'ailleurs Rosenkov Materials qui trouva son nom d'Arène à cette redoutable spécialiste de l'Incinération: "La Flamme Masquée"! A quatre reprises, en prenant la tête d'équipes qu'elle avait soigneusement sélectionnées, elle put dépasser le score mythique de 10.000 points resté invaincu dans l'Arène depuis les exploits du commandant Shepard. A ce jour, "La Flamme Masquée" reste une référence auprès des combattants et des parieurs de l'Armax Arena.

Au bout de près de deux années sur la Citadelle, Tsalah put regagner la Flotte Nomade en 2198, en y ramenant crédits et équipements de pointe. Le capitaine du London estima que les exigences du pélerinage avaient été remplies de manière extrêmement satisfaisante: Tsalah'Reegar nar Menae fut donc accueillie en tant que Tsalah'Reegar vas London. Ce qu'elle avait aussi ramené pour le profit du London était une expertise militaire inestimable. Il était donc logique qu'elle suive les pas de son père, au service de ce nouveau foyer. Elle apprit que Jeelam, rentrée de son pélerinage depuis quelque temps déjà, vivait désormais sur la corvette hôpital Sura: elle avait renoncé à porter les armes, était devenue apprentie pédiatre, et attendait déjà un enfant. Depuis, chacune des deux sœurs a servi à sa façon sa communauté de manière exemplaire. Elles conservèrent longtemps des liens étroits.

En conditions de combat réel, Tsalah sut confirmer l'exceptionnel sens du terrain et du commandement qui avait fait d'elle une star de l'Arène. Bien sûr, ces affrontements s'avéraient moralement plus éprouvants: les ennemis vaincus n'éclataient pas en pluie de pixels, ils restaient là au sol, mutilés, contorsionnés, dépersonnalisés, et pourtant dramatiquement accusateurs. Son premier assaut, Tsalah le mena contre une petite base terrestre pirate, repérée par triangulation après la perte de plusieurs vaisseaux quariens isolés dans ce secteur. Lorsqu'elle passa à côté de ses premières victimes, deux mercenaires humains des Soleils Bleus qu'elle venait de carboniser, elle manqua de vomir dans son masque. Puis l'adrénaline reprenant le dessus, elle poursuivit le combat – et fit bien d'autres victimes ce jour-là.

Jusqu'en 2204, Tsalah fut un soldat modèle, régulièrement donnée en exemple aux marines de la Flotte Nomade, régulièrement promue, et régulièrement digne à nouveau de ces éloges. Le combat en environnement spatial confiné, l'abordage de navires pirates et la reprise de vaisseaux civils capturés, représentent d'ordinaire les combats les plus sérieux auxquels un marine quarien puisse être confronté. Mais Tsalah prit également part à de nombreuses missions terrestres, plus dangereuses encore: reconnaissance au sol sur les marges de l'espace geth, pacification de conflits territoriaux sur des sites miniers planétaires ou orbitaux non revendiqués, défense et évacuation de pèlerins et d'ingénieurs contractuels quariens pris au piège dans des zones de conflit...

En 2204, Tsalah venait d'être promue au grade de lieutenant, lorsqu'on lui confia un rôle important dans les phases préparatoires du plan d'attaque des installations geth situées dans le système H327: la première frappe directe sur les machines depuis Rannoch! À la surprise générale, l'officier modèle refusa tout net de prendre part à cet acte de guerre ouverte, décriant ce coup de dés insensé, qui d'après elle ne pouvait conduire qu'à une escalade à laquelle la Flotte n'était pas en mesure de faire face, qui mettait donc en danger la survie même du peuple quarien, et qu'elle alla jusqu'à qualifier d'"énorme connerie". Les Amiraux firent immédiatement mettre Tsalah aux arrêts, en attente de jugement pour désertion devant l'ennemi; puis ils menèrent l'attaque sur les stations geth, avec pour suites la crise diplomatique que l'on sait.

Embarrassée par ce cas de rébellion d'une héroïne si emblématique, l'Amirauté statua à huis clos et condamna la fauteuse de troubles à être déposée sur le monde concilien le plus proche. L'Amirale Tali'Zorah, se sentant liée par une dette personnelle envers Kal'Reegar qui l'avait protégée au prix de sa vie sur Haestrom, et très inquiète quant au tour que prenaient les choses depuis H327, vint s'entretenir avec Tsalah avant son exil; elle l'assura de son soutien, et lui remit quelques liquidités. Livrée à elle-même sur Elysium, l'ex-militaire quarienne fut bientôt contactée par l'Alliance, puis par le MDC. Les échos de son esclandre récent avaient poussé l'organisation concilienne à se renseigner sur ses états de service. Avoir sacrifié son foyer et sa carrière à sa foi en une politique raisonnable plaidait en faveur de Tsalah au moins autant que son parcours irréprochable; et intégrer dans les GEIST une figure quarienne toujours respectée par une grande partie de son peuple serait de bonne stratégie en vue d'un futur rapprochement diplomatique. Pour le bien de la Flotte qui l'avait pourtant rejetée, son unique patrie envers et contre tout, pour la protéger d'elle-même et de l'aventurisme des Amiraux, Tsalah s'engagea donc à soutenir par les armes la politique concilienne.

En vérité, il semble que la Quarienne était déjà connue de réputation au niveau du Conseil lui-même, pour d'autres raisons. On sait en effet le conseiller turien passionné de longue date par les combats les plus prestigieux de l'Armax Arena; et l'on dit qu'à l'époque où il n'était encore qu'ambassadeur sur la Citadelle, il aurait perdu des sommes colossales en tentant de parier sur une défaite de l'invincible "Flamme Masquée".

Notes: Pour ceux qui le connurent, Tsalah'Reegar est à l'image de son héros de père. Elle ajoute une certaine causticité à l'abord lapidaire et quelque peu brut de décoffrage de feu Kal'Reegar, mais comme lui, sous cette écorce rugueuse, elle est bien plus observatrice et avisée qu'elle n'y paraît. La sensibilité de la jeune Quarienne qui refusait de porter les armes n'est pas totalement éteinte en elle, mais Reegar la battante n'a pas l'intention de laisser s'exprimer cette partie de sa personnalité. Tsalah semble avoir acquis à l'épreuve du feu une vision bien tranchée des choses, et une façon radicale de solder les problèmes. Il est notable qu'à chaque fois que des forces quariennes sous ses ordres ont réagi à des attaques pirates ayant causé des victimes civiles, aucun forban n'a jamais été pris vivant.

Bien que Tsalah ait été officiellement rayée des listes de son vaisseau d'adoption, et privée du droit de revendiquer le nom de "vas London", elle continue fièrement à se présenter ainsi. Un Quarien hostile l'appellerait sans doute "vas Nedas", ce qui signifie "d'aucun vaisseau", "sans attaches". Bien sûr, un Quarien hostile qui l'appellerait ainsi face à face s'exposerait à une belle félure sur sa visière, et aux quelques semaines sous antibiotiques qui en découleraient.

(1) Il s'agit bien de l'ancien croiseur de l'Alliance SSV London, obsolète et désarmé depuis longtemps, et offert gracieusement à la Flotte Nomade. Le nom du vaisseau devait être libéré pour la nouvelle frégate SSV London, nommée d'après la bataille décisive livrée sur Terre en 2186.

** 2 points d'Attributs ont été convertis en 4 points de Talents.
** 1 point de Compétences (Physiques) a été converti en 1 point de Talents.
** 2 points de Compétences (Physiques) ont été convertis en 8 points d'Omnitech.
** 2 points d'Avantages ont été convertis en 4 points d'Omnitech.
** 1 point d'Omnitech a été converti en 1 point de Xéno.
Pour rappel: Le joueur souhaitant créer un personnage quarien de niveau Elite dispose de plusieurs bonus d'espèce, déjà reportés sur la fiche de personnage éditable, à ne surtout pas décocher (correspondant à 2 points de Talents et 6 points d'Avantages gratuits, page 47 du Livre de Règles). En dehors de cela, il répartit librement 33 points d'Attributs, 17/11/7 points sur ses Compétences en choisissant librement lesquelles seront primaires/secondaires/tertiaires, 12 points de Talents et 12 points d'Avantages à son libre choix, en sus des bonus d'espèce, ainsi que 8 points de Xéno et 8 points d'Omnitech. Les taux de conversion des points sont donnés page 51 du Livre de Règles.

Dans la rubrique Armes, Tsalah est pourvue d'un Poignard mono-moléculaire, arme légère à une main. Sur la ligne, les caractéristiques ont été remplies, mais les noms des armes blanches ne sont pas disponibles dans le menu déroulant du PDF éditable. Pour ce qui est de sa Mitraillette à plasma, autre arme légère à une main, il s'agit bien sûr d'une prise de guerre ramenée d'un monde frontalier de l'espace geth. Cette arme à plasma ne peut exploiter le talent "Tir à impulsion" (Ravage, grade 1).
"Omnitech optimisé" (Spécialiste, grade 3) permet d'ajouter trois modules d'Omnitech à ceux disponibles sur le modèle de base (les modules doivent toujours être achetés au prix de points d'Omnitech). "Economie d'énergie" (Spécialiste, grade 4) monte les disponibilités en Energie à "4 x Cellules" (ici 24 avec une Armure moyenne technique).

Encore un excellent BG, félicitation !

Deux nouveaux personnages humains pré-tirés sont à venir, avec en guise d'inspiration de départ, un petit retour aux fondamentaux finalement les plus évidents pour les profils: les fameuses biographies pré-établies du jeu vidéo pour Shepard! J'ai eu plus haut l'occasion de créer un Humain qui se trouvait incidemment réunir les historiques "Stellaire" + "Héros de guerre". Je compte donc ajouter d'abord un Humain de profil "Terrien" (la Terre après le passage des Moissonneurs n'est pas moins déchirée par les inégalités et la délinquance que celle où aurait grandi Shepard, bien au contraire), et plus tard une Humaine ayant débuté sa vie comme "Colon" (les années 2185-86 ont été plus éprouvantes pour bien des colonies humaines isolées que les années précédentes, où la jeunesse de Shepard n'aurait pu être marquée que par quelques raids esclavagistes).

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Voici donc déjà l'ex-lieutenant du SSC Markus Kleeberg, Infiltrateur (29 ans, 1m68, 65kgs). Un background terrien, lié aux ruines fumantes de l'Ancien Monde...

Markus est né sur Terre en 2176 à Lüderitz, un trou paumé de la côte namibienne qui n'avait guère évolué depuis le 20e Siècle. Ses parents étaient Pieter Kleeberg, un petit réparateur de navettes terrestres, et Martha Roon, mère de cinq autres enfants, tous deux de vieille souche afrikaner. Comme tout gamin de la Terre, Markus avait pu se sentir un temps attiré par les étoiles; mais il en avait finalement surtout retenu ce que lui avait répété et martelé son père: que c'était là l'antre abject de la vermine xéno, laquelle n'attendait que le bon moment pour venir envahir la Terre et y exterminer les honnêtes gens, et qu'il n'était de bon et digne d'être défendu que le sol sacré de la bonne vieille planète bleue. C'est d'ailleurs pour ça que le vieux Pieter était passé de Terra Firma à Cerberus quand Markus avait 8 ans. A partir de '86, on n'a plus jamais eu de ses nouvelles. Ce n'est que bien plus tard que Markus entendit parler du processus de l'Intégration, par lequel Cerberus reconditionnait ses recrues en chair à canon fanatiquement loyale.

2186, c'est aussi l'année où la vermine xéno avait fini par attaquer la Terre – comme l'avait prédit le vieux Pieter... De gigantesques insectes noirs furent aperçus dans un ciel de cendres, se dirigeant vers Le Cap plus au sud, tandis que des boules de feu vomies de l'espace libéraient des hordes de monstruosités inhumaines. A Lüderitz, les quelques flics et péquenots armés furent vite balayés, et la majeure partie de la population disparut bientôt aux mains des envahisseurs. Une forêt de piques s'élevait maintenant à la sortie du patelin, mais Markus ne s'aventura jamais de ce côté. Sa survie en dépendant, le gamin devint vite maître dans l'art de se déplacer furtivement dans la ville désertée, en rampant au travers des caves et des cloisons abattues, et en dormant dans les gaines de tuyauteries. Chaque soir, quelques uns de ceux qui étaient parvenus à subsister jusqu'à la veille avaient à leur tour disparu: flippant, mais d'un autre côté, ça faisait toujours moins de concurrence pour la récup' et les conserves! La vermine xéno finit par disparaître aussi soudainement qu'elle était arrivée. De la famille de Markus, seule une sœur ainée avait survécu, Cassandra – et pas vraiment grâce à lui.

Les deux jeunes gens laissèrent derrière eux leur bled sinistré pour rejoindre Le Cap, une mégalopole tout à la fois vidée de ses habitants originels, et surpeuplée de réfugiés affluant depuis toute la région environnante. Lors d'une distribution de vivres, Markus fut surpris de voir l'ordre assuré par d'autres types de vermines xéno. Mais ceux-là ne ressemblaient pas aux animaux anthropophages qu'il avait imaginés. Assez effrayants, mais bien droits dans leurs armures, ils renvoyaient l'image d'une armée hautement disciplinée, en contraste avec la cohue humaine autour d'eux. Markus venait de voir ses premiers Turiens.

Pour pouvoir faire mieux que survivre d'aumônes, le jeune vagabond rejoignit bientôt une bande de gosses des rues, les "Tabletop Vultures", spécialisés dans l'arnaque, la fauche et le cambriolage. Il y accomplit un temps les plus basses besognes pour la plus maigre part de butin, mais il y gagna vite ses galons. Il n'était certes pas très impressionnant physiquement, mais il était vif, roublard, se faufilait partout, et apprenait très vite. C'est après avoir volé son premier Omnitech qu'il découvrit le vaste champ des technologies modernes, lui qui à Lüderitz avait à peine accès à l'Internet terrien. Un mentor plus âgé, Jonas Sisulu, lui ouvrit les portes de tout ce que l'on pouvait faire de légal, d'illégal, et même d'impossible avec une interface. En sus de ses talents pour l'arnaque classique, Markus devint vite un as du piratage informatique. Parvenir à détourner et faire livrer toute une cargaison de médocs presque aux portes du repaire de la bande, ça a bien boosté sa cote auprès des potes!

A 16 ans, après avoir changé trois fois de gang au fil des démantèlements successifs, et échappé plus souvent encore à une arrestation sous le régime de la loi martiale, Markus commença à se dire qu'il était temps de suivre une autre voie. L'ordre se rétablissait progressivement sur Terre, même au Cap devenu l'une des mégalopoles les plus dangereuses du Globe. Les forces de police s'appuyaient de plus en plus sur des milices paramilitaires et des auxiliaires peu formés. Jonas aida Markus à falsifier ses données personnelles de manière à ce qu'il puisse intégrer ces forces auxiliaires. Une nouvelle carrière pour le jeune garçon, avec un uniforme, une arme, et des équipiers. Pour défendre la loi et l'ordre, ouais, bien sûr... Et puis aussi parce qu'en temps de troubles, celui qui porte un uniforme mange toujours mieux que celui qui n'en porte pas! "Voleur en uniforme", c'est comme ça que les gens appelaient Markus; il ne pouvait pas dire le contraire. Il y a peu de choses qu'il n'ait pas faites pour le déshonorer, cet uniforme: détournement de vivres, racket, confiscation de biens, escorte privée pour livraisons mafieuses... Mais après tout, ce qui était bon pour lui, eh bien, était bon pour lui!

C'est lors d'une nuit de patrouille en 2194 que l'univers de Markus bascula, quand il tomba sur un viol en réunion. L'atteinte à la dignité physique était l'un des tabous qu'il n'avait jamais pu franchir, ni même supporter. Avant qu'il ait réalisé ce qu'il faisait, il avait déjà refroidi celui des assaillants qui était armé, et menotté les deux autres. Il ne reçut aucune félicitation en dehors des larmes de gratitude de la victime; mais celles-ci le troublèrent profondément. Une facette de sa personnalité restée jusque là noyée dans la fange commençait à émerger. Il ressentait ce qu'il y avait d'étrangement gratifiant à voir dans les yeux des gens l'espoir plutôt que la méfiance, le respect plutôt que le dégoût, la reconnaissance plutôt que la haine rentrée: quelque chose que l'argent n'achète pas. A compter de ce moment, par petits pas, il ne tarda pas à devenir le plus exemplaire des gardiens de l'ordre, au grand étonnement puis à l'inquiétude de ses anciens complices.

Auxiliaire très bien noté, Markus Kleeberg fut pressenti en 2196 pour passer à la police régulière. C'est par recoupements, lors du ré-examen attentif de son dossier, que son travail de falsification fut mis en évidence. En guise de sanction, il fut muté d'office à la Brigade Tactique, unité d'intervention en zone de combat dont le taux de succès n'était surpassé que par le chiffre des pertes. Markus obtint néanmoins de pouvoir auparavant spécialiser en école les talents techno qu'il avait développés en autodidacte. C'est ainsi qu'il devint Infiltrateur, un saboteur furtif au sein du pire service d'action de la Police du Cap, un ramassis de suicidaires accros à l'adrénaline et de sociopathes shootés aux stéroïdes! Markus se lia pourtant avec plusieurs d'entre eux, mais n'en garda qu'autant de deuils...

En 2199, son étonnante survivabilité au sein d'une telle unité de choc lui valut la plus inattendue des propositions: un transfert à la Division Intervention du Service de Sécurité de la Citadelle, dans les profondeurs de la galaxie! La station concilienne faisait alors face à une recrudescence de criminalité sanglante, due à l'immigration massive d'Humains qui avaient fui leur planète en ruines, et qui avaient là-haut reconstitué les structures mafieuses qui leur avaient permis de survivre sur Terre. Tout cela était très mauvais pour l'image de l'Humanité parmi les espèces galactiques, et il en résulta un appel urgent pour des agents au fait du fonctionnement des gangs terriens les plus violents.

Markus hésita longuement. Bien sûr, il ne considérait déjà plus les non-Humains dans leur ensemble comme de la vermine xéno: il avait été amené à en côtoyer plusieurs sur les sites de distribution ou de reconstruction qu'il était chargé de protéger. Il respectait en particulier l'ingéniosité et l'efficacité des maîtres d'œuvre galariens – mais pas leur insupportable condescendance. Et il se souvient encore de son fou-rire très mal perçu la première fois où il se trouva en présence d'un envoyé hanari particulièrement pompeux! Pour autant, un tel transfert restait un bouleversement qui en aurait intimidé beaucoup... Mais finalement, Markus accepta la proposition. Il fit ses adieux à sa sœur Cassandra, mariée à l'un de ses collègues policiers, et quitta la Terre pour la première fois de sa vie, à l'entrée du 23e Siècle, vers un nouvel avenir.

Le nouvel agent fut nominalement rattaché à la Marine de l'Alliance avant d'être versé au SSC: c'était la procédure. Après quelques frictions initiales avec ses supérieurs turiens, dues à son passé de faussaire et de délinquant, il s'intégra finalement plutôt bien dans une unité à dominante turienne. La technologie très avancée présente sur la Citadelle était bien un peu déroutante; mais de nombreux quartiers pauvres des Secteurs lui rappelaient Le Cap, par leur anarchie endémique, et par leur population grouillante, bigarrée et débrouillarde: curieusement, le jeune Terrien s'y sentit un peu chez lui. A la Division Intervention, ses jours les plus tendus pouvaient ressembler à son quotidien à la Brigade Tactique sur Terre: s'infiltrer furtivement pour débloquer de l'intérieur les situations armées, y ouvrir les portes de derrière mal gardées, neutraliser les systèmes de surveillance ou de défense adverses, éliminer au contact les tireurs retranchés... Mais la plupart du temps, son travail était nettement moins périlleux, consistant à tirer parti de son indétectabilité pour entrer pirater de l'intérieur des terminaux sécurisés, ou pour parvenir à enregistrer sur Omnitech des preuves audiovisuelles juridiquement recevables.

A trois ou quatre reprises, Markus fut temporairement "mis en disponibilité" – comprendre: rétrocédé aux forces armées de l'Alliance, afin de participer à des opérations lointaines sur lesquelles il était tenu au secret. Impossible de lui tirer les vers du nez, mais il sembla en être revenu plus grave et plus professionnel encore. En 2202, par un incroyable coup du sort, il se retrouva face à son ancien mentor des "Vultures" Jonas Sisulu, devenu lieutenant d'un groupe de trafiquants, alors que celui-ci se trouvait acculé par le SSC dans une situation désespérée. Markus parvint à convaincre Jonas de se rendre sans effusion de sang; et ainsi qu'il le lui avait promis, il témoigna plus tard en sa faveur.

En 2205, l'assaut contre le "centre de tri et d'expédition" d'un réseau pédophile majeur implanté dans les bas-fonds du secteur Tayseri, tourna en un siège acharné de cinq heures. La décision fut emportée de l'intérieur grâce à l'action de Markus, ainsi que de deux autres Infiltrateurs du SSC qui y laissèrent la vie. La presse couvrit largement l'assaut en direct. Une photo choc prise sur le vif par la journaliste vedette Diana Allers fit le tour de la galaxie, et y remporta de nombreux prix: on y reconnaît, en plan rapproché sur fond d'incendie, le sergent Markus Kleeberg hors d'haleine portant hors du champ de bataille, tout contre l'épaulière de son armure roussie, une gamine butarienne terrifiée s'accrochant désespérément à lui. Cette photo qui illustre l'actuelle campagne de recrutement du SSC "Wanna be a hero too?", fit réaliser à Markus lui-même tout le chemin parcouru depuis Lüderitz et les délires xénophobes du vieux Pieter.

Cette soudaine notoriété a attiré l'attention des recruteurs du MDC sur les états de service du lieutenant Markus Kleeberg, récemment promu. Son ingéniosité et son adaptabilité très remarquées ont semblé être de nature à compenser ses lacunes en matière d'éducation générale et d'expérience xéno. C'est ainsi que Markus a rejoint les GEIST, lui que rien ne semblait prédestiner à intégrer une équipe inter-espèce de gardiens de l'ordre galactique!

** 1 point d'Attributs a été converti en 2 points de Compétences (Mentales).
** 1 point d'Attributs a été converti en 2 points de Compétences (Sociales).
** 2 points de Talents ont été convertis en 8 points d'Omnitech.
** 1 point d'Avantages a été converti en 2 points de Xéno.

Dans la rubrique Armes, Markus garde à la cuisse un Poignard mono-moléculaire, arme légère à une main. Sur la ligne, les caractéristiques ont été remplies, mais les noms des armes blanches ne sont pas disponibles dans le menu déroulant du PDF éditable. Pour pallier la légèreté de son armement, l'Infiltrateur emporte en nombre des grenades à surpression, qu'il utilise généralement à très courte distance.